Peu après l’aube, Hector vit soudain d’étranges nuages noirs.
— C’est le moment, dit-il à Markus encore assoupi près du feu de leur bivouac.
Markus grogna en se levant. Il repoussa brutalement Virginia pour prendre son sac usé par des années d’exploration aux quatre coins du monde. La jeune femme, le visage fardé même à plus de mille mètres d’altitude, s’écroula sur le sol. Elle se redressa aussitôt et ajusta sa coiffure.
— Tu es sûr de ne pas vouloir que je vienne avec vous ? demanda-t-elle avec une moue faussement touchante.
Mais Markus ne lui jeta pas un regard en rejoignant Hector posté au bord de la falaise.
Les nuages noirs montaient vers eux.
Hector eu un sourire désolé pour Virginia. Markus n’avait pas à la traiter ainsi. Même si toute cette expédition était sa faute.
L’imposant Markus, autoproclamé chef de l’expédition, donna une bourrade contre l’épaule du jeune Hector.
— Et bien ? Qu’est-ce que tu attends pour sauter ? demanda Markus avec défi.
Hector humecta ses lèvres déjà trop gercées.
— Je pensais que tu voulais passer le premier… après tout, c’est toi le chef, non ?
Markus leva les yeux au ciel en soupirant.
— Tu seras vraiment lâche jusqu’au bout…
Comme chaque fois que Markus le piquait au vif, Hector le défia du regard.
— Très bien, j’y vais.
Mais au moment de s’élancer dans le vide, Hector hésita. Markus le sentit et n’hésita pas à pousser le jeune explorateur.
Hector ferma les yeux en tombant… et les rouvrit en sentant la douceur cotonneuse du nuage sous ses doigts.
— Tu vois que ce n’était pas si terrible ! lui hurla Markus en sautant sur le nuage suivant.
Au loin, leur petit campement s’éloignait. La délicate silhouette de Virginia aussi. Hector se demanda s’il savait ce qu’il faisait.
L’étrange nuage noir montait toujours, suivant ses frères dans leur lente procession. Hector et Markus ne se parlaient pas.
Finalement, Markus regrettait de ne pas être monté le premier mais il avait voulu vérifier la légende. Si Hector était passé à travers le nuage… cette stupide quête aurait prit fin. Et il aurait pu rentrer chez lui. Mais plus il montait en direction du ciel étoilé, plus il se posait des questions sur ses chances de redescendre vivant. Déjà, le soleil faisait disparaître des milliers de trésors potentiels.
Hector sentit le premier un changement dans l’air. Et c’est lorsqu’il vit le nuage au-dessus de lui se disloquer qu’il comprit que le voyage touchait à sa fin. Il se mit debout et tendis les bras.
Là, juste là, brillait la plus petite des étoiles.
Le nuage commença à perdre sa consistance.
Hector serra le poing. Il sentit la pierre au creux de sa paume perdre sa chaleur. Et le nuage le soutenant se disloqua intégralement.
Markus évita le corps d’Hector sans difficulté. Mais en voyant le sourire hébété du jeune explorateur, Markus faillit exploser de rage. Cet idiot ne pouvait pas réussir avant lui !
D’un geste nerveux, il sauta du nuage pour attraper la plus grosse des étoiles à sa portée…
*
Virginia attendait nerveusement en scrutant le ciel. Elle vit les deux corps plonger dans sa direction. Et aucun parachute n’était ouvert.
Quand la silhouette massive de Markus dépassa celle d’Hector, Virginia eut d’abord un petit cri de victoire avant de comprendre qu’il allait s’écraser sur la montagne.
Le choc fut d’une violence extrême et Virginia n’osa pas accourir pour voir les restes de Markus. Il avait échoué.
Quand Hector s’écrasa à son tour, sa chute fut ralentie par le corps de son rival. Mais, s’il respirait encore, ses jambes étaient méconnaissables et son tronc meurtrit ne présageait rien de bon.
Virginia se hâta. Elle pouvait au moins recueillir ses dernières paroles comme autant d’indicateurs pour les explorateurs suivants.
Mais lorsqu’elle s’accroupit près de lui, Hector eut à peine le temps de lui adresser un sourire tordu et d’ouvrir le poing avant de rendre l’âme.
Il avait réussit. Il lui avait décroché une étoile.
Virginia prit la pierre entre ses mains. Elle ne brillait plus.
Ce n’était qu’une pierre biscornue.
La jeune femme soupira.
« Un vulgaire cailloux » pensa-t-elle, déçue.
Elle jeta l’étoile dans l’abîme de la falaise.
— Tant pis, dit-elle pensive, voyons maintenant qui pourra me décrocher la lune… Et elle fit demi-tour pour regagner le village en quête de nouveaux explorateurs.
Un autre texte écrit dans le cadre de l'atelier d'écriture. Je l'ai laissé brut, avec adverbes, participes présents et lourdeurs qui ne passeraient pas dans mes textes actuels. J'ai écrit celui-ci en octobre 2007. Le thème était "Le rêve prend visage". Nous avions une heure pour écrire un texte qui commençait par une phrase imposée. La mienne était donc "Peu après l'aube [il] vit soudain d'étranges nuages noirs."
J'avoue que, dans ce genre d'exercice, je ressens beaucoup l'influence des romans que je lisais à l'époque. Pour celui-ci, je venais de terminer "La horde du contrevent" d'Alain Damasio.
— C’est le moment, dit-il à Markus encore assoupi près du feu de leur bivouac.
Markus grogna en se levant. Il repoussa brutalement Virginia pour prendre son sac usé par des années d’exploration aux quatre coins du monde. La jeune femme, le visage fardé même à plus de mille mètres d’altitude, s’écroula sur le sol. Elle se redressa aussitôt et ajusta sa coiffure.
— Tu es sûr de ne pas vouloir que je vienne avec vous ? demanda-t-elle avec une moue faussement touchante.
Mais Markus ne lui jeta pas un regard en rejoignant Hector posté au bord de la falaise.
Les nuages noirs montaient vers eux.
Hector eu un sourire désolé pour Virginia. Markus n’avait pas à la traiter ainsi. Même si toute cette expédition était sa faute.
L’imposant Markus, autoproclamé chef de l’expédition, donna une bourrade contre l’épaule du jeune Hector.
— Et bien ? Qu’est-ce que tu attends pour sauter ? demanda Markus avec défi.
Hector humecta ses lèvres déjà trop gercées.
— Je pensais que tu voulais passer le premier… après tout, c’est toi le chef, non ?
Markus leva les yeux au ciel en soupirant.
— Tu seras vraiment lâche jusqu’au bout…
Comme chaque fois que Markus le piquait au vif, Hector le défia du regard.
— Très bien, j’y vais.
Mais au moment de s’élancer dans le vide, Hector hésita. Markus le sentit et n’hésita pas à pousser le jeune explorateur.
Hector ferma les yeux en tombant… et les rouvrit en sentant la douceur cotonneuse du nuage sous ses doigts.
— Tu vois que ce n’était pas si terrible ! lui hurla Markus en sautant sur le nuage suivant.
Au loin, leur petit campement s’éloignait. La délicate silhouette de Virginia aussi. Hector se demanda s’il savait ce qu’il faisait.
L’étrange nuage noir montait toujours, suivant ses frères dans leur lente procession. Hector et Markus ne se parlaient pas.
Finalement, Markus regrettait de ne pas être monté le premier mais il avait voulu vérifier la légende. Si Hector était passé à travers le nuage… cette stupide quête aurait prit fin. Et il aurait pu rentrer chez lui. Mais plus il montait en direction du ciel étoilé, plus il se posait des questions sur ses chances de redescendre vivant. Déjà, le soleil faisait disparaître des milliers de trésors potentiels.
Hector sentit le premier un changement dans l’air. Et c’est lorsqu’il vit le nuage au-dessus de lui se disloquer qu’il comprit que le voyage touchait à sa fin. Il se mit debout et tendis les bras.
Là, juste là, brillait la plus petite des étoiles.
Le nuage commença à perdre sa consistance.
Hector serra le poing. Il sentit la pierre au creux de sa paume perdre sa chaleur. Et le nuage le soutenant se disloqua intégralement.
Markus évita le corps d’Hector sans difficulté. Mais en voyant le sourire hébété du jeune explorateur, Markus faillit exploser de rage. Cet idiot ne pouvait pas réussir avant lui !
D’un geste nerveux, il sauta du nuage pour attraper la plus grosse des étoiles à sa portée…
*
Virginia attendait nerveusement en scrutant le ciel. Elle vit les deux corps plonger dans sa direction. Et aucun parachute n’était ouvert.
Quand la silhouette massive de Markus dépassa celle d’Hector, Virginia eut d’abord un petit cri de victoire avant de comprendre qu’il allait s’écraser sur la montagne.
Le choc fut d’une violence extrême et Virginia n’osa pas accourir pour voir les restes de Markus. Il avait échoué.
Quand Hector s’écrasa à son tour, sa chute fut ralentie par le corps de son rival. Mais, s’il respirait encore, ses jambes étaient méconnaissables et son tronc meurtrit ne présageait rien de bon.
Virginia se hâta. Elle pouvait au moins recueillir ses dernières paroles comme autant d’indicateurs pour les explorateurs suivants.
Mais lorsqu’elle s’accroupit près de lui, Hector eut à peine le temps de lui adresser un sourire tordu et d’ouvrir le poing avant de rendre l’âme.
Il avait réussit. Il lui avait décroché une étoile.
Virginia prit la pierre entre ses mains. Elle ne brillait plus.
Ce n’était qu’une pierre biscornue.
La jeune femme soupira.
« Un vulgaire cailloux » pensa-t-elle, déçue.
Elle jeta l’étoile dans l’abîme de la falaise.
— Tant pis, dit-elle pensive, voyons maintenant qui pourra me décrocher la lune… Et elle fit demi-tour pour regagner le village en quête de nouveaux explorateurs.
Un autre texte écrit dans le cadre de l'atelier d'écriture. Je l'ai laissé brut, avec adverbes, participes présents et lourdeurs qui ne passeraient pas dans mes textes actuels. J'ai écrit celui-ci en octobre 2007. Le thème était "Le rêve prend visage". Nous avions une heure pour écrire un texte qui commençait par une phrase imposée. La mienne était donc "Peu après l'aube [il] vit soudain d'étranges nuages noirs."
J'avoue que, dans ce genre d'exercice, je ressens beaucoup l'influence des romans que je lisais à l'époque. Pour celui-ci, je venais de terminer "La horde du contrevent" d'Alain Damasio.
(Dédicace à Blacky : il y en aura un autre largement influencé par G.R.R Martin.)
5 commentaires:
Je note des défauts que j'ai toujours : L'abus de prénoms et de points de suspension !
Un jour, peut-être, je corrigerais ces textes aussi.
Pas mal :D j'attends le prochain avec impatience !
Je me doute ! (et merci)
C'est drôlement sympa pour un texte écrit en une heure ! Ca a peut-être des influences extérieures mais on retrouve le même genre d'onirisme et de lyrisme que dans les Feydelins, je trouve.
Merci Bénédicte !
Attention, quand je dis influence, je ne pense pas plagiat ! Je garde mon style (si on peut dire que j'en ai un...) et mes univers. Mais les idées viennent selon l'humeur du moment (qui est souvent inspirée des lectures).
La nuance est faible.
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