dimanche 29 mars 2009

Où j'en suis ?

Après ma fiche de lecture CoCy, j'ai dégagé de grands axes de travail pour mon tome 1. Ça me permet de découper les corrections par groupes de chapitres avec des problèmes différents (je ne vous dis pas tout non plus, hein !)
1) Réecrire les 3 premiers chapitres
2) Revoir les chapitres 4 à 7
3) Chap 8 à 13
4) Scènes clefs de la fin de la première partie.
Ensuite, on passera à la seconde partie mais il y a un peu moins de boulot.

J'ai terminé la réécriture des 3 premiers chapitres (même s'il faudra sans doute les retoucher encore). Je les laisse reposer et passe au point n°2.
Ça avance !!

mercredi 25 mars 2009

L'origine du mot "Fedeylin"

Quel mot étrange ! Impossible à orthographier correctement du premier coup (hein Roanne !). Mais d'où ça vient ?
D'abord de fée. Je voulais trouver un équivalent qui puisse être à la fois masculin et féminin. Dans mes recherches, j'ai découvert que le mot "fé" existait il y a longtemps pour parler d'un garçon-fée (depuis, ça a dérivé en "lutin" voire "elfe" (!)). Mais pour moi, c'était un peu court, juste "fé".
Il y a eu une petite période (pendant la phase de recherches, toujours), où c'était plutôt "feyledin". Mais, étonnament, j'étais moi-même incapable de l'écrire correctement ! Je me retrouvais toujours avec des morceaux du mot ailleurs.
Alors j'ai réfléchi (ouais, ça m'arrive parfois) et je me suis dit "il faudrait que ça ai plus de sens pour moi quand même. Pas qu'une simple sonorité".
Et paf.
Fedeylin.
Fée - de - l'ain. (ouais, mais je prononce "ine" à la fin, en vrai. Pour faire rimer avec Olyne, c'est plus in !!)

Pourquoi l'ain ?
Parce que, quand j'étais petite, nous allions souvent au bord de l'ain avec ma famille sur de petites plages isolées. On pique-niquait, on se baignait, on se promenait sur la rive jusqu'à la limite où l'ain rejoint le Rhône. Ça bouillonnait, c'était impressionant : là, le courant nous aurait emporté.
Mais nous on restait vers ce petit bout de rivière, on posait les fesses dans le sable pour patouiller, attraper des têtards dans un seau avec l'espoir que maman et papa nous laisse les ramener chez nous (je ne sais pas pourquoi, ils n'ont jamais voulu).
On se cachait derrière des bosquets d'herbes, et autres mini-dunes, pour ne pas subir l'épreuve de la crème solaire. On laissait nos bob's s'envoler.
Parfois, on traversait en tenant glacière, vêtements et serviettes de plage pour rejoindre l'autre rive, un îlot (ou pas, mais pour moi c'était une île). Ceux qui bronzaient en face disparaîssaient pour de faux. Pour ces quelques heures de vacances pas loin de la maison.

Alors voilà. J'ai gravé ça quelque part.
La nature, le bonheur, la famille.
Fedeylin.

dimanche 22 mars 2009

Paysages fedeylins

Après le casting, voici quelques lieux qui pourraient illustrer certaines parties du roman :


Rajoutez des souches, et vous aurez le lieu de
la cérémonie du Mudelyn
(entre la prairie aux fleurs et la forêt des grands arbres)


Le champ de Kamutt


La Nierbe (où son bras dans la forêt)

L'endroit où la terre se craquèle (frontière nord-est)

Ces photos ont été prises au cours de mes recherches (et entre l'écriture des deux premières parties) dans différents lieux que j'apprécie. J'aurais l'occasion d'en poster d'autres plus tard.

jeudi 19 mars 2009

La génèse

Comme promis, voilà un petit (hum) historique de la génèse des fedeylins...

Alors, tout a commencé début 2004. Je n'avais pas écrit depuis longtemps (mon deuxième roman datait d'au moins un an. Ah, si, dans l'intervalle, j'avais peut-être écrit une ou deux pièces de théâtre, toujours comme des exercices, mais j'en parlerais plus tard dans mon apprentissage de l'écriture). Ma fille aînée était petite et j'avais l'impression d'avoir accompli ce pourquoi j'étais née (à 12 ans, dans mes questions existencielles genre "qu'est-ce que je fais là ?", je me suis dit que j'étais là au moins pour perpétuer l'espèce. Bref, ça c'était fait).
Alors, bien sûr, j'avais le job d'après (l'élever), mais je me suis demandée ce qui se passerait encore après ? Quand elle serait grande et que je me retrouverais sans but ? (syndrôme du nid vide, tout ça). Donc, je me suis autorisée à faire quelque chose pour moi.
J'écrivais un peu mais pas de façon sérieuse. Et, à un moment, j'ai dit :
"Ça suffit les exercices maintenant, et y en a marre des "ton histoire me fait penser à...", si je ne devais écrire qu'un seul roman dans ma vie, qu'est-ce que se serait ? Quelle histoire vaudrait la peine d'y passer des années ?"
Et voilà, c'était lancé.

Il m'a fallu un an pour créer mon univers, faire mes recherches, poser mes personnages et mon plan détaillé (à l'époque, il y avait 4 tomes de prévus et j'avais le détail de chaque chapitre en une phrase. Finalement, les tomes sont devenus des livres, et il n'y a que deux tomes. Vous suivez ?).
Ensuite, j'ai développé le plan du tome 1 (ce qui compose actuellement le livre I : L'eau) et je me suis lancée dans la rédaction.
Je suis tombée enceinte de mon second petit [pépins liés à la grossesse, pause dans l'écriture] puis j'ai pris un congé parental.

Il m'a fallu quelques mois après la naissance de mon fils pour trouver le rythme, puis, une fois que tout le monde a été calé, ça a été vite. J'ai fini le Livre I en mars 2006 et l'ai fait passé à mes proches pour avoir leur ressenti. Je l'ai corrigé suite à leurs retours jusqu'en juillet, puis j'ai attaqué le Livre II : La terre. Entre les sièstes, l'école de ma grande, et les soirées, j'arrivais à écrire six heures par jour. Je l'ai achevé mi-octobre de la même année et l'ai corrigé jusqu'au mois de décembre.

De janvier à juin 2007, j'ai rédigé et corrigé le Livre III : Le feu. Puis de Septembre à novembre 2007, le Livre IV : L'air.
Après des relectures de ma famille et de mes amis, j'ai fait des modifications sur la fin et des corrections jusqu'à fin décembre 2007.

Ce que je ne dis pas, c'est qu'en rédigeant le tome 2 (Livre III + IV), j'ai envoyé le début à quelques éditeurs... Mais sans succès.

En janvier 2008, j'ai découvert le collectif CoCyclics et je me suis lancée dans l'aventure de la bêta-lecture. En quelques semaines, j'ai progressé plus vite qu'en 4 ans toute seule.
J'ai corrigé toute la typographie (quel carnage, quand j'y repense !) et les premiers chapitres.
J'ai travaillé mon synopsis (là, ce n'est plus du carnage, c'est de la boucherie pure. Je crois que c'est vraiment l'exercice le plus difficile au monde.).
Quelques mois plus tard, je postulais pour intérger le noyau dur des bêta-lecteurs, ceux qui aident les auteurs à revoir le fond et la forme de leur roman (pas seulement les nouvelles, les synos et les extraits de romans). Et c'est comme ça que je me suis liée à Tsumïre pour l'aider sur son très beau roman.
J'ai soumis le premier Tome des fedeylins... et il a été accepté !
Aujourd'hui, j'ai une fiche de lecture très très détaillée, un texte stabiloté de tout plein de couleurs, et j'ai dégagé un plan de correction pour revoir tout ça ! J'ai deux super bêta-lectrices qui savent manier tour à tour le fouet et le chocolat pour m'aider à avancer. Et puis le reste du collectif en soutien, ça fait du bien.

Pour cette 5ème année, je sais que j'ai encore 4 à 6 mois de travail avant de soumettre à d'autres lecteurs et mettre un vrai point final à cette histoire.

Je suis motivée. Ça en vaut la peine.

lundi 16 mars 2009

Salon du livre de Paris (2)

Je suis de retour après deux jours sur Paris !

A l'excitation de voir les grenouilles de CoCyclics en vrai s'est disputée la fatigue des trajets et de mes courtes nuits mais ça en valait vraiment la peine !
C'est étonnant de rencontrer pour la première fois des gens qu'on connait depuis plus d'un an.
En plus, dans nos différents projets d'écriture, on se livre, on offre une part de soi, on se met à nu. Les bêta-lecteurs qui m'ont aidée à travailler des nouvelles (même celles que je n'ai jamais osé envoyer) et Syven et Blackwatch qui m'aident actuellement sur les Fedeylins (voir mes liens), tous connaissent ma façon de voir le monde et comment je la diffuse dans mes textes. Les grenouilles entrent dans mes univers et m'aident à les rendre meilleurs.
De la même manière, je les connais. Je sais comment ils travaillent, comment ils modifient leurs textes selon les remarques. Comment ils progressent.
Je sais lequel va me faire frissoner. Lequel va m'émouvoir. Lequel va me faire rire. Je les aime tous.

Je suis profondemment convaincue que nous sommes un groupe fondateur qui s'inscrit déjà dans l'histoire. Dans quelques années, de nombreux auteurs estampillés CoCy seront publiés (Ereneril, le premier à avoir terminé son cycle de correction, a déjà signé !). Des fans compareront leurs méthodes de travail, comme certains peuvent le faire entre Tolkien et C.S Lewis.
J'ai l'impression d'être au coeur d'un cercle littéraire du XXI ème siècle.

Et j'adore ça.

jeudi 12 mars 2009

Salon du livre de Paris (1)

Samedi, je vais au salon du livre de Paris !
J'ai trop hâte de rencontrer les grenouilles de CoCyclics pour de vrai !

Je ne sais pas si je me mets en mode démarchage d'éditeurs. Je l'avais fait il y a 3 ans - déjà ?! - et ça n'avait pas été terrible. Sur le salon, les éditeurs sont ouverts pour discuter, les auteurs super sympas et accessibles (en général), mais dès qu'il s'agit de tendre un synopsis (certains amènent même leur manuscrit !) ben là, c'est moins drôle.
Un petit éditeur rencontré sur le salon de Lyon, avec qui j'avais beaucoup discuté, m'avait dit cette phrase terrible : "Ça ne sert à rien d'emmener son manuscrit : la pluspart des éditeurs LE LAISSENT SUR LE STAND à la fin du salon".
J'avais bien compris la leçon. Mais le synopsis ? Je m'étais dit : je le tends, il le lit, on en parle.
Ben non. Je le tends, il le plie, on parle d'autre chose, je pars.

Bon, il faut dire qu'à l'époque, mon synopsis était un truc immonde.

Peut-être que j'en emmènerai quand même un ou deux exemplaires. Au cas où.

mardi 10 mars 2009

Chapitre 1

Entrons dans le vif du sujet... Voilà le premier chapitre des
Fedeylins. (edit : ceci est la V8)
Tome 1 : Fedeylin du bord du Monde, Livre I : L'eau.



1. Eclosion

« Au commencement, l’eau recouvrait tout.
Taranys, dieu du jour, dormait sous la surface du Monde.
Dans le ciel dansait Savironah, déesse de la nuit.
Lorsque Taranys s’éveilla et vit Savironah danser, son cœur rayonna d’amour.
Alors Taranys s’éleva hors de l’eau et repoussa les mers pour créer la terre ferme où son aimée pourrait se poser.
Leur union rendit le Monde fertile mais la nuit éternelle l’enveloppait encore.
Taranys prit son amour entre ses paumes et façonna le Dor. Le dieu plaça cette sphère lumineuse dans le ciel et sa chaleur se diffusa autour du Vaste Monde.
Le Dor brillera tant que brûlera l’amour de Taranys pour Savironah.
(…)
Et Taranys créa les fedeylins. Il leur offrit la connaissance pour bâtir et récolter. Puis Savironah se pencha sur ce nouveau peuple et lui donna la sagesse. Grâce à elle, les fedeylins purent créer et transmettre.
Alors le couple divin se retira et la vie suivit son chemin. »

Extraits du Heilyk.


**


Ma bulle. Douce chaleur. Lumière diffuse. Bien-être.
Je n’aurais jamais pensé revivre cette sensation, pourtant me revoilà flottant dans les limbes.
Comme j’aimerais retrouver la quiétude de mes premiers mois et l’insouciance d’alors… Je n’étais qu’un petit parmi les trois mille fécondés sur le nénuphar de ponte. Un larveylin à peine formé.
Je roulais sur moi-même pour suivre la progression du Dor.
Aujourd’hui, la lumière ne filtre plus à travers la membrane du cocon qui m’emprisonne. Les repères me manquent.
La brume du souvenir m’enveloppe et s’insinue dans les moindres replis de ma peau. Je me laisse aller. Je m’oublie et retourne au passé.
Pour comprendre.

Quel bonheur ces cinq années à grandir sans inquiétude ! J’appartenais encore à une génération porteuse d’espoir pour mon peuple.
Avec les silhouettes des migrateurs et leurs terribles cris, un danger permanent planait mais je n’avais pas peur. Mon instinct m’assurait que ce n’était que le début d’une aventure plus grande. Après tout, les Pères Fondateurs veillaient sur nous.
Mon corps imparfait évoluait lentement. Ma conscience s’étoffait. J’oscillais entre sommeil et éveil.
À travers la membrane opaque de ma bulle, le flou se précisa peu à peu.
Il y eut d’abord le passage des nuages, poussés par de douces brises de Chodoo, puis l’alternance des jours et des nuits. Les deux lunes, Olyne la rousse et Nooma la blanche, diffusèrent leur éclat et je devinai les contours de cocons identiques au mien.
Mes semblables, proches et pourtant inaccessibles. Nous découvrions la vie côte à côte, soudés dans le silence de nos premières années.
Puis vinrent les murmures. Des vagues d’émotions parcoururent le nénuphar de ponte et j’en perçus chaque bribe. Des mots, des pensées touchaient mon esprit et je m’ouvris aux autres. M’entendaient-ils comme je les entendais ? Je voulais le croire mais aucun ne répondait à mes appels mentaux. Alors, je me contentais d’écouter. De partager un ressenti commun.
Mon corps prit sa forme définitive : deux bras, deux jambes, les attributs qui feraient de moi un mâle… comme les contours au-dehors, tout se précisait. Je jouais avec mes mains, glissais contre la membrane de ma bulle pour sentir sa caresse sur ma peau. Quel frisson lorsque les deux bosses de mon dos la touchaient ! La base des excroissances d’où sortiraient mes ailes était d’une sensibilité extrême.
J’aurais pu rester là pour toujours, dans le bien-être et la douceur qui m’enveloppaient.

Cinq voix couvrirent les murmures de mes camarades. Les Pères Fondateurs.
Leurs paroles firent naître en moi des images et des sensations.
Tandis qu’ils nous expliquaient le cycle de la vie, notre éclosion en larveylin, notre croissance, la pousse de nos ailes qui feraient de nous des mudeylins puis l’extraction de nos articulations, dernière étape avant de devenir des fedeylins adultes, je n’écoutais que le timbre de leurs voix.
Aujourd’hui encore, les mêmes impressions remontent en moi. Même si je les associe à leurs visages, ces premiers contacts sensitifs ont figé ma façon de les percevoir.
Le timbre aigu de Litham le rendait juvénile par rapport aux quatre autres. Il portait la joie du premier jour du printemps. Un seul éclat de rire et il aurait fait éclore les bourgeons de la prairie aux fleurs. Sa voix emplie de promesses nous décrivit le village avec tant de précision que je visualisais déjà les gabdas rassemblées autour de la grande place.
Reyvil, solide, franc et bourru, nous inculqua des bases de connaissances historiques depuis l’ère de Taranys. Ses enseignements allaient droit au but. En l’écoutant, je sentais la rugosité d’un tronc sous mes doigts et l’odeur résineuse des pins de la forêt des Grands Arbres.
Tootlieth, lui, nous parla des dieux. De leur bonté, de notre devoir de reconnaissance envers eux. Chacun de ses mots portait l’éclatante chaleur du Dor. Parfois, dans certaines inflexions, la pâleur de Nooma tempérait ses propos enflammés.
Grahnius, doyen des cinq, nous apprit les castes et le destin qui nous lierait à elles ; la marque qui nous serait apposée avant notre éclosion et la nécessité d’accepter le futur, quel qu’il soit. Dans ses propos, j’entendais bruire les rameaux du Saule.
Enfin, Veralonh nous transmit les premiers rudiments d’alphabet. Pour longtemps encore, sa voix m’évoquera l’odeur d’un lumignon de cire dans une gabda. Chaude, douce, rassurante. Comme si nous allions tous survivre.
Sans voir leurs visages, je les connaissais déjà.

Respect.
Dévotion.
Confiance
.

Nous étions prêts à les suivre aveuglément. Nos mères avaient pondu nos bulles, mais eux nous avaient fécondés et, bientôt, ils nous donneraient un destin. Je les aimais déjà, comme j’aimais les fleurs, les arbres, le Dor, le Saule…

Chaque jour, nos connaissances s’étoffaient. Les Pères diffusaient leur savoir dans nos esprits. Je sus bientôt nager, marcher et voler. Tout paraissait simple mais j’étais bien loin de la mise en pratique. Et je n’avais pas encore de destin.

Le passage des Pères au-dessus du nénuphar devint quotidien. Aussi, lorsqu’ils s’approchèrent au point de toucher nos bulles, aucune crainte ne nous traversa.
C’est leur silence qui m’impressionna le plus. Cette fois-ci, ils ne venaient pas nous instruire mais apposer les marques qui scelleraient nos destinées.
L’importance de l’instant me saisit et j’attendis mon tour, serein.
L’ombre d’un Fondateur se déploya au-dessus de moi. Une force douce se dégageait de lui. Je perçus sa paix intérieure et sa détermination. Il posa sa main sur ma bulle. À travers la membrane, je distinguais ses battements d’ailes réguliers. Le Père glissa ses doigts puis sa paume à l’intérieur sans briser l’enveloppe fibreuse. Je sentis sa concentration pour me trouver et je me rapprochai sans hésiter de sa main.
Je lovai mon visage au creux de l’immense paume de mon géniteur et frottai ma joue dans une douce caresse à celui qui me donnait un destin.

Joie.
Fierté.

Ses doigts cherchèrent mon oreille gauche, la soulevèrent et touchèrent l’os qui se trouvait là. Il retira sa main et je l’entendis murmurer « bon petit ».
Cette voix portait tant d’émotions que je ne la reconnus pas. Mes souvenirs l’associent à la danse d’un feu dans une grotte.

Chacun des trois mille petits fut touché de la main d’un Père et, une fois l’attribution des destins terminée, la diffusion des connaissances reprit.
J’eus beau me tendre vers les voix, je ne découvris pas lequel des cinq m’avait marqué. L’importance de l’information se dissipa : aucun fedeylin ne connaissait l’identité de son géniteur, ni celle du Père qui lui avait attribué un destin.

Accepter la vie. La mort. Accepter la douleur.
Accepter le destin. La marque.
Être fedeylin, c’est accepter.

Les croyances des miens m’imprégnèrent et je me liai au peuple convaincu de la bonne parole dispensée par les Pères. Après tout, n’étaient-ils pas nos sauveurs ?

Mon corps grandit et je me sentis à l’étroit dans ma bulle. Il m’était difficile de tourner sur moi-même et je ne pouvais plus déplier mes jambes. Je passais mon temps roulé en boule à suivre la lumière du Dor. Mes cheveux chatouillaient mon cou et mes oreilles. C’est ainsi que ma cinquième année de gestation s’acheva. Je restais pleinement conscient, loin des limbes de mes premiers mois. J’avais acquis les bases du savoir qui me permettraient de survivre à mon éclosion et d’atteindre le rivage, si tel était mon destin. Je coordonnais mes mouvements sans peine. La conscience de mes camarades se tendait. Nous étions prêts à éclore.
Les plus chanceux murmuraient déjà leur nom. Le mien m’échappait encore, impalpable bribe qui glissait dans ma conscience sans que je ne parvienne à la retenir.
Et le jour de l’éveil arriva enfin.
Il y eut un bruit de déchirement, puis une minuscule brèche dans les fibres de ma bulle. D’autres sons similaires me parvinrent en écho.
Mon appréhension se mêla à celle de mes semblables. Nous ne voulions pas quitter le cocon protecteur dans lequel nous avions grandi. Depuis cinq ans, la vie coulait au rythme des lunes et du Dor, et voilà que ce temps s’achevait.
La fissure s’agrandit et je vis le bleu du ciel pour la première fois. Un rai de lumière toucha mon visage. Mes angoisses s’estompèrent.

Le nénuphar ondula sous de nombreuses secousses. Certaines bulles roulèrent loin de leur emplacement. Le clapotis des vagues augmenta. Des cocons basculèrent et s’enfoncèrent dans la mare. Seules les gouttes qui heurtaient la surface de l’eau témoignaient de leur chute. Je ressentis la souffrance des larveylins emprisonnés qui se tordaient de douleur dans leur immersion.
Ils disparurent soudain de mes sens. Un grand vide silencieux remplaça leur présence.
La peur me paralysa. Était-ce cela la mort ?

Une force étrange poussa mon cocon. Dans un sursaut, je me tournai. Personne. Le mouvement s’amplifia et le ciel disparut. Je criai pour la première fois.
J’agitai les mains et les pieds, je me débattis de toutes mes forces mais l’enveloppe ne se brisa pas. Pire, elle ne bougeait plus : la brèche collait à la feuille de nénuphar.
Les silhouettes des autres larveylins passèrent près de moi. Elles s’assirent au bord du nénuphar et glissèrent dans l’eau pour rejoindre la berge à la nage. Cela semblait si facile.
Je refusais de finir enfermé. J’avais beau griffer et taper sur la membrane, rien ne se passait. J’étais bloqué.
Je roulai sur moi-même et essayai de donner une impulsion pour libérer la fissure. À plusieurs reprises, je heurtai la fine paroi de la tête, puis des talons, pour qu’elle bascule.
Une faible oscillation fit rouler mon cocon. Le ciel apparut… puis disparut de nouveau alors que je me trouvai entraîné jusqu’à l’eau.

« Cahyl ! »
C’était mon nom.
Je l’entendais pour la première fois.
Et la voix appartenait à ma mère.
Tout cela, bien qu’ancré en moi, se révéla à cet instant précis. Au moment où je touchai l’eau du Monde, ma mère me donna mon prénom. Je ressentis son amour et eu l’impression d’être auréolé de lumière.
En entendant son cri, je fus pris d’une force incroyable et je glissai mes mains dans la fissure où l’eau s’engouffrait. J’écartai les fibres protectrices et me laissai happer par la mare. L’eau d’un bleu sombre m’enveloppa et je pus enfin étendre les bras et les jambes. Je les agitai tant bien que mal sans réussir à me concentrer. La surface scintillait sous les rayons du Dor et mes efforts pour l’atteindre restèrent vains. Elle s’éloignait à mesure que le fond m’attirait. Je dérivai, les yeux ouverts, incapable de me rappeler comment nager. Mes doigts écartés s’enfoncèrent dans le liquide à la recherche d’une prise, une résistance pour prendre appui et remonter.
Un immense poisson blanc aux écailles luisantes passa devant moi. Je retins mon air. Dans la panique, je me débattis pour fuir le monstre qui nageait au milieu du chaos de notre éclosion. D’une bouchée, il goba les restes de ma bulle et s’en alla vers d’autres résidus de membranes qui coulaient à pic. Je n’eus aucun doute du danger qu’il représentait.
D’autres poissons se dirigèrent vers le nénuphar. Ils gobèrent des bulles encore pleines. Je battis des pieds pour remonter à la surface, sans grand succès. La tête me tournait et la peur désordonnait mes mouvements.
C’est alors qu’au milieu de mes gestes saccadés, je heurtai quelque chose de mou, plutôt gluant.
Mon corps pivota par réflexe et je fis face à une créature imposante. Deux yeux globuleux me fixaient.

Pas peur.

Son énorme tête aux reflets brun vert passa sous moi suivie d’une longue queue. J’y vis une réponse à ma détresse. Fatigué, je m’avachis sur ce crâne mou et m’agrippai aux replis de peau derrière les proéminences de ses yeux.
Il avança plus vite que je ne l’aurais cru. Mes dernières réserves d’air m’échappèrent et je me laissai porter par ses ondulations. Il remonta à la surface. L’eau cingla mon visage. La douleur qui m’enserrait la poitrine augmentait à chaque respiration. J’aspirai tant bien que mal des goulées d’air mêlées d’eau et luttai pour ne pas sombrer dans l’inconscience. Des taches blanches grossirent sous mes paupières. Mes jambes qui entraient et sortaient de l’eau éprouvèrent la brûlure de la surface. Seuls mes doigts crispés conservaient assez de force pour me maintenir.
Un choc nous stoppa net. Une épaisse couche de terre boueuse arrêta la course de l’être gluant.
Mes perceptions revinrent. Les taches blanches s’estompèrent lorsque je clignai des paupières. Je respirai avec difficulté.

Douleur.

« Aïe. Petit fait mal. »
Je lâchai mon sauveur. Mes doigts enfoncés dans sa peau laissèrent dix petites marques autour de ses yeux. D’un coup de queue, il me fit basculer dans la boue. J’eus à peine le temps de me dresser sur mes coudes avant qu’il ne retourne dans l’eau.
Je voulus lui dire d’attendre, de rester avec moi, mais il était trop tard. Il avait disparu.

lundi 9 mars 2009

Le reste du casting !!

Moins glamour, voilà une autre partie du casting des fedeylins ! Certains diraient le bestiaire mais quelques jolis rôles sont à prendre (note : prévoir un casting pour les voix :p )

Glark


Sperare Sinduh


Blavrit

Pepzy

Ripudaman


Argyronète


dimanche 8 mars 2009

Des acteurs ?

En ce moment, un délire traverse la petite communauté d'auteurs SFFF que je cotoie : et si votre roman était adapté, quels acteurs choisiriez-vous ?
Au départ, j'ai pensé qu'une adaptation des fedeylins ne pourrait se faire qu'en images de synthèses... et puis, j'ai gambergé et des visages d'acteurs sont sortis ! Alors, voilà ma petite participation :






Cahyl (larvelyn) : Titouan Laporte














Cahyl (fedeylin) : Jason Dorhing


Delyndha (mère de Cahyl) : Virginie Ledoyen














Melynda et Andara (soeurs de Cahyl) : Alyson Hannigan et Cobie Smudlers





Naïlys : Sophia Bush














Glark : Andy Serkis (en motion capture !)






Les Pères Fondateurs :












Veralonh : Harison Ford













Tootlieth : Clint Eastwood










Grahnius : Sean Connery


Reyvil : Liam Neeson



Litham : Robert Redford

Ouvrons les portes

Bienvenue sur ce blog !

De quoi allons nous parler ? De ce qui touche à l'écriture en général, à mes écrits en particulier et de mes avancées.

Pourquoi "Fedeylins et autres univers" ? Parce que mon plus gros projet, Les fedeylins, va prendre beaucoup de place ici.
Ce n'est pas mon premier roman (en fait, c'est le troisième : les deux précédents sont dans des tiroirs et n'en sortiront pas mais ils furent de bons exercices).
C'est un dyptique déjà écrit en cours de correction via le collectif CoCyclics (je raconterais la génèse de tout ça bientôt).

Mes autres univers sont nombreux et j'espère qu'ils se développeront encore. Quelques unes de mes nouvelles ont été publiées, je croise les doigts pour celles dont j'attends encore les réponses. J'ai aussi un roman en attente de correction ("Les couleurs de l'aura"). Le premier jet est achevé mais il y a encore du travail avant d'être soumis à des bêta-lecteurs.
Chaque chose en son temps !
Et, pour mon prochain roman (un one-shot si tout va bien), j'ai une ébauche de certains personnages... mais je dois laisser maturer tout ça.

Bref, bienvenue dans ma tête et bon voyage !